Une petite grasse matinée et un copieux petit déjeuner dans l'estomac ; les machines sont déjà là à chauffer devant le restaurant.
Le ciel est d'un bleu azur et le soleil encore bien bas, mais le thermomètre nous gratifie aujourd'hui d'une température presque printanière avec -5°C.
Enfin, il est quand même de bon ton de s'équiper un minimum. La combinaison de prèt version astronaute ? Non, ça ira merci, j'ai mon bon vieux blouson Cordura doublé, un sous-pantalon lycra, un surpantalon étanche, un pull et un gilet polaire, un tour de cou Windstopper et une bonne paire de gants... mais je vais peut-être prendre les bottes fourrées quand même. Un casque ? Non ? Ah bon, ben on fera avec ou plutot sans alors.
Présentation des machines et de leur fonctionnement ; c'est pour le moins sommaire. Les gaz, un frein arrière (à gauche, gaffe !) et un coupe circuit, rien d'autre.
La selle est basse, longue, large et confortable, le guidon tombe bien sous la main et les repose-pied carrénés placés très en avant font presque position custom.
Tout le monde est prèt ; la petite cohorte s'extirpe donc du parking de l'hotel en file indienne derrière notre guide du jour.
La machine semble lourde et assez pataude, la direction est rétive et la transmission automatique peu réactive jusque mi-régime... enfin, ce que je pense être le mi-régime du petit 2 temps. Le fonctionnement est un peu on-off en manoeuvre et le slalom entre les voiture pour accéder à la piste un peu tatonnant.
Notre guide s'assure régulièrement que tout le monde suit bien puis nous entraine dans un chemin encaissé en pleine foret. La machine suit alors d'elle même les traces de celles qui me précèdent et il convient de forcer sur la direction pour sortir un tant soit peu de leurs trajectoires.
La piste est étroite, sinueuse, encaissée, bosselée et le compteur ne dépasse guère les 20 à 30km/h, bien que chacun prenne peu à peu ses marques et laisse un peu ses prédecesseurs s'éloigner pour tenter quelques accélérations.
Ca chahute sévère dans ces chemins forestiers et la position "cruising" n'est pas de plus confortable. Les bosses passement finalement mieux accroupi ou debout et concernant les passages en courbe, le mode d'emploi semble venir ; entrée en courbe plutôt lente, amorce de virage puis gaz en grand pour faire pivoter la machine en glisse.
Coté freinage, pas de miracle à attendre vu l'adhérence précaire : le mieux est encore d'écraser la poignée et de se mettre en travers.
Presque une heure que nous sillonons les chemins et notre guide s'arrète dans une clairière où trône une sorte de tippi.
Après quelques minutes, une épaisse fumée d'échappe de la cheminée et l'eau boue sur un feu de bois qui réchauffe l'atmosphère. Patisserie et café turc assis sous la tente sur des peux de bètes, pittoresque n'est-ce pas ?
Le temps de souffler et d'échanger nos impressions et nous nous remettons en route sur un chemin escaroé qui débouche sur un lac gelé (ah, je vous avais pas dit qu'il s'agissait de moto-neige ?) : une longue ligne droite à perte de vue, gaz en grand !! 70, 80, 90,... 100km/h avec un vent froid dans le nez et dans un brouillard de neige et pas mal de travers à chaque remise de gaz.
Arrèt paysage au milieu de lac. "Dis, il pousserait pas un peu plus fort le tien ?" "Ah, mais c'est un 550cc non, et moi juste un 380, on échange ?"
A priori, rien ne distingue les deux machines mise à part ce chiffre sur le carénage, pourant à la première solicitation de l'accélérateur, tout change : la poussée est franche, vive et sans temps de réaction, mettant instantannéement la chenillette en glisse dans un joli travers. Les ski délestent surfant dans la poudreuse ou sur la moindre bosse. Gaz = travers (voire même un ski en l'air). Gros freinage = travers, puis remise en ligne au laché de levier. C'est fun et on laisse vite griser !
Une petite montée large de neige bien dammée, petit coup de guidon et gaaaaaz en grand. Léger travers, grand travers, mise à l'équerre complète... oooh putain ! La machine commence carrément à verser sur le côté. Tentative de déhanché pour rattraper et "Chblam !", le nez dans la poudreuse affalé sur le coté alors que la machine continue sa course vers le fossé ! Je me relève vivement (alors que mes suiveurs s'immobilisent en vrac au milieu de la piste) cours mervs la moto et m'enfonce jusqu'au genoux dans la neige. La machine est intacte mais tankée dans le talus au milieu de quelques menus arbustes. Plus de peur que de mal et on est tous morts de rire.
Notre serre-file nous rejoint souriant (ouf !) et me sort le skidoo de cette mauvaise passe.
Dediou, c'est que ça pousse plus que de raison ces p'tites bètes et je vais avoir le droit de payer la prochaine tournée de bières !!
J'vais peut-être me calmer un chouille quand même sur le retour... enfin, juste un peu.
Trois heures après notre départ, nous voila revenus à l'hotel après une soixantaine (et oui seulement) de kilomètres à travers forets, lacs et clairières de neige et de glace, fourbus mais plutôt heureux et transpirants plutôt que gelés.
Comme quoi ça a aussi du bons les voyages dans le grand nord pour le boulot.