Dernièrement, j'ai failli essailer la S4R, mais faute de temps, il a fallu reporter. Aussi, j'ai profité aujourd'hui des portes ouvertes des journées exclusives Ducati pour retenter ma chance.
Le mec me dit rien sur la meule vu que je connais déjà à peu près ce qu'il y'a à savoir sur un Monster ; "c'est comme la tienne, quoi !"
En guise de référence en effet (et pour ceux qui ne sauraient déjà), je roule en Monster 1000S et le comparo se résumera donc surtout au moulbif, pour le reste doit rester quelques infos par là :
http://perso.wanadoo.fr/prowler2000/essais/Nellie.htmlA ma droite, 180kg de barbac gavées par un gros twin archaîquo-duodesmodromisé 992cc de 94cv à 8000 et 9,6mkg à 7000tr/min.
A ma gauche, 180kg pour un 4 soupapes vitaminé issu de la 996 et développant ici 106cv (113 en full) à 8750tr/min et 10,1mkg à 8000tr/min.
Je me pointe donc à la caisse et en 3 secondes 2, la secrétaire (c'est toujours plus agréable qu'un mécano aux cheveux gras et aux ongles sales
me donne la meule.
Contact, ça démarre au quart de tour... avec un sale bruit ! Certains diront qu'une Ducat' fait forcément un sale bruit, mais celle-ci (
pour un amateur de concerto de disque d'embrayoire à sec et de martellement pilonesque comme moi) ne fait PAS de bruit ou à peine hoquète elle timidement
, sans même un tintement métallique pouvant traduire ses origines, sans ce râle gutural et caverneux caractéristiques des bolognaises ; décevant !
Pourtant, le ramage (monobras, double pots superposés, peinture bi-ton et tout le tintouin à attirer le minet) en laissait attendre plus : voyons voir en pratique.
La position est à peine plus sur l'avant que sur un Monster standard. Le guidon "à profil à section variable" dont personne n'a encore jamais compris l'utilité
à part faire technique dans un catalogue tombe bien sous la main mais les cale-pied non caoutchoutés glissent un peu. Les platine repose-pieds sont de plus assez petites et l'intérieur du pied droit vient se plaquer contre la protection thermique de la ligne d'échappement tandis que le pied gauche lui cherche déséspérément un appui intérieur suffisant.
Pour le reste et mise à part la couleur des fonds de compteur, rien à signaler docteur.
Première (elle est en bas tout pareil que sur ma moto à moi, ça tombe bien et sèchement) et roule ma poule. A petite vitesse et dans la circulation, c'est tout d'abords la souplesse moteur qui me "choque". Le moteur est non seulement silencieux, mais en plus est-il utilisable en dessous de 3500tr/min, sans trop d'à-coups et même sans vibrations !! Et mon massage rectal à moi que j'aime bien alors ???
Bref, c'est lisse, silencieux, policé, souple et onctueux (enfin, c'est pas encore un 4'pattes non plus, mais quand même) ; c'est presque décevant tout cette solicitude de la part des ingé italiens pour rendre un moteur de superbike prévenant et doux !
Mais passons outre, et surtout outre les régimes où ça s'affole... du moins, si la météo nous en laisse le temps car le ciel s'assombrit et il commence même à pleuvoir, voire même, il drache sévère ! Ben, tant qu'à être mouillé, autant continuer et pius au moins si on rentre que dans une heure, je suis sur qu'il n'y aura personne pour s'impatienter du retour de la moto pour un nouvel essai, alors on file vers le sud (non qu'il y fasse plus beau) pour échapper à la ville. La souplesse moteur si elle ne m'enchante guère en terme de rendu émotionnel a au moins le mérite de rendre la moto facile et utilisable sous la pluie qui baigne maintenant généreusement la chaussée.
Ce qui est surprenant en revanche, c'est la maniabilité et la vivacité dont fait preuve la bête ; la géométrie et le treillis tubulaire sont communs au M1000S et S4R (ne monobras c'est que du visuel, hein !) et pourtant ce dernier semble nettement plus alerte et intuitif à mettre sur l'angle. Sans aucun doute à la "faute" au Pilot Power qui l'équipe plutôt que la monte de Pilot Road étonnament routière montée sur le 1000. Même angle de chasse, même empattement, position similaire, je ne vois pas ce qui peut jouer d'autre... et m'en vois de conclure qu'il va définitivement falloir que j'abandonne ces Pilot Road auquel je n'ai pourtant rien d'autre à reprocher alors même qu'à 6000km, ils pourraient en faire encore pas mal.
Bref, la moto est souple, vive et joueuse et on en viendrait presque à oublier la pluie (c'est dans la tête qu'ils disaient) pour tirer un peu sur les rapports ; et ben, ça marche ! Plutôt même bien, mais si le couple est omniprésent et les reprises franches, c'est sans ce punch de poid lourd et cette mélodie pachydermique du desmodue qu'elles interviennent. La diva surmaquillée elle, prend des tours et monte dans les octaves supérieur, sans férir, sans creux sensible dans la courbe, à l'assaut de cette zone toujours aussi peu rouge sur ces italiennes avant de couper vers 10 000tr/min.
L'aiguille du compte-tour s'emballe et se catapultevers les hauts régimes avec la vigueur d'une hypersport alors même que le compteur de vitesse affiche déjà la case prison. C'est net, précis et sans bavure, en un mot : efficace.
La démultiplication finale y participe sans doute car si les rapports de boite sont rigoureusement ceux du 1000DS, la transmission finale en 15x42 hérite de 3 dents de plus à la couronne que le desmodue l'allonge le permettant ; desmodue qu'il convient évidement de passer lui en 14x39... mais à ce jeu, il sera possible de raccourcir coté desmoquattro !!
En démultiplication d'origine pour le S4R et "optimisée" pour le 1000, le ressenti en terme de performance est très proche jusqu'à l'approche des hauts régimes (~7000tr/min) où le 996 prend l'accendant.
En d'autres termes, sorti des autoroutes allemandes et entre les mains d'un motard moyen, la différence S4R / 1000DS risque bien de s'avérer minime, le S4R offrant cepandant un meilleur agrément de conduite pour un peu moins de sensations... mais pour un coup fort supérieur !!
Point forts :
- Souplesse, douceur
- Efficacité
Points faibles :
- Sonorité quelconque
- Manque de caractère.
De mon point du vue et bien que n'ayant pas essayé le S4R avant l'achat de mon M1000DS, je conforte mon attrait pour le caractère indomptable et la rugosité du deux soupapes.
Prowler, desmodro-mickey !