Marianne : privatisation des PV !
C'est nouveau, et stupéfiant ! Après les péages autoroutiers et les parkings souterrains, le stationnement sur la voie publique et les PV qui, souvent, l'accompagnent sont en passe de tomber dans les mains des spécialistes de gestion d'infrastructure de transport, Vinci en tête. C'est en tout cas, avec la hausse probable des amendes, l'une des principales conséquences de la dépénalisation et de la décentralisation du stationnement sur voirie. Prête depuis 2004, soutenue par les maires qui lorgnent sur la manne financière des PV de stationnement, puis écartée par Chirac pour cause d'impopularité, cette réforme vient de recevoir l'onction de l'Élysée et devrait être adoptée d'ici à un an.
« Dépénaliser, décentraliser » ? Sous ces deux concepts se cache une transformation de la nature juridique du stationnement sur la voirie. « Contrôler l'occupation de l'espace public ne serait plus une compétence de la police mais une activité de service public soumise à redevance », pronostique Hervé Mariton, député (UMP) de la Drôme, rapporteur du budget des transports. Conséquence, il serait mis fin au prix unique du PV pour non-paiement de stationnement, 11 €, comme à la gestion du recouvrement par les services du Trésor. Les maires pourraient fixer et percevoir le montant des amendes et, plus compliqué, de leur recouvrement en cas de contestation. En contrepartie, ils se partageraient le produit de ces PV, estimé à 180 millions d'euros. Là interviendraient de nouveaux acteurs, mieux équipés techniquement pour faire cracher les contrevenants.
Le prix de la prune pourrait flamber. « Pour être dissuasif, l'amende doit être de l'ordre de 20 à 25 fois le prix de l'heure de stationnement... », explique François Gindre, directeur de Lyon Parc Auto, une société d'économie mixte en concurrence avec Vinci dans la gestion du stationnement payant. Ainsi, à Paris, les tarifs pourraient s'approcher de 50 €. A Londres, le même système de concession mis en place a provoqué un début de révolte des automobilistes*. Intéressés au chiffre d'affaires généré par les amendes, des concessionnaires ont fait preuve d'un « zèle » inflationniste certain. La frénésie de privatisation ne connaît aucune limite..