Après des semaines de harcèlement sauvalien (« dès que tu vas bien, faut que t’ailles l’essayer !), j’ai fini par céder et profiter d’un trou de soleil pour aller essayer ce fameux mono Ducati. Pourquoi n’étais-je pas totalement motivée à faire cet essai, à la base ? Deux raisons, deux craintes en fait : qu’elle soit trop exigeante pour mon niveau (et mon état de santé, d’autant que ce jour je ne me sens qu’à 80 % de mes facultés), ou à l’inverse trop consensuelle et avec un caractère en retrait. Bref, la peur d’être déçue (de moi, ou de la moto).
Alors pour les plus pressés, je vous fais la version courte de mon essai :
Pour les autres, voici la version longue.Rendez-vous pris au DS de Mérignac, la moto est déjà chaude, le plein fait. On signe la paperasse, le chèque de caution, et c’est parti. David, le vendeur qui me passe les clés, me connaît bien (même si cela fait des années que je n’ai plus mis les pieds chez ZR…) et ne perd donc pas son temps en conseils superflus. Il me montre comment changer les réglages si je le souhaite, mais le setting qu’il a prévu me convient : assistances peu intrusives (juste de quoi assurer la sécurité), mode « Sport » enclenché. L’écran est petit et peu sexy mais il y a tout ce qu’il faut, c’est facile à manipuler. Je ne m’attarde pas sur le look de la moto, tout le monde a vu au moins des photos et chacun a son avis.

Seul point que David tient à souligner : le mono est plutôt creux en bas et s’exprime surtout à partir de 5000 tours. Avec mon habitude des bicylindres, je me dis que ça va sembler « long » d’aller chercher les 5000. C’était sans compter sur un facteur, non, LE facteur le plus important : le poids.
Moteur démarré, je retrouve déjà les « good vibes » propres aux Ducati

. Alors oui il y du « grain » dans le caractère moteur des KTM, heureusement, mais c’est indiscutable : les Ducati restent les reines en la matière (à l’exception peut-être des Harley ? Je ne sais pas, je n’ai jamais essayé d’américaines). Ça, déjà, ça sent bon

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La position est parfaite (la moto était équipée de la selle basse, mon mètre soixante-seize tient facilement debout sur la pointe des pieds). Le confort de la selle… euh, pourquoi parler de ça ? Ce n’est clairement pas une moto faite pour le confort. La planche qui tient lieu de selle suffit à poser ses fesses, point barre

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Je relâche doucement la commande d’embrayage, sans tourner du tout la poignée de gaz, et ça avance déjà fort sur le filet de gaz ; surprenant

. Je dois déjà freiner ! Et ça freine. Fort. Je me fais surprendre par le premier virage, à allure pourtant très lente (sortie de la concession…) : ça part comme un vélo ! Oooh… je sens que ça va être rigolo, ça

!
Nous voici sur la chaussée, direction une petite route planquée derrière Saint-Jean-d’Illac, pas loin, avec une belle succession de virages pour se faire une idée. C’est en effet assez sage dans les bas régime, tout à fait gérable dans la circulation. Arrive la petite route en question, que nous ferons sagement à l’aller (train de bagnoles…) et beaucoup moins sagement au retour. Et là… on boudiou : les 5000 tours arrivent en fait super facilement, et ça lâche les watts avec une belle allonge

! Je n’ai pas dû dépasser les 8000 tours mais le moteur n’était même pas essoufflé ! Le tout avec les grognements et grumeaux habituels, qui donnent tellement de caractère à ces italiennes. La légèreté et la facilité de la moto en fait un truc dingue : sans avoir jamais fait un wheeling ou autres crétineries de ma vie, j’ai soudain super envie d’apprendre avec cette machine, de la mettre en glisse, de faire l’andouille quoi. C’est un jouet complètement débile

! C’est le fun total

! Je suis à 115, je ne m’en suis même pas rendu compte, ça pousse de façon très chouette, les virages s’enquillent sans réfléchir, cette banane sous le casque

! Le shifter est très efficace en montée comme en descente. Le freinage est très (trop?) brutal, fait pour faciliter la mise en glisse peut-être ? Au moins, ça freine ! Le frein arrière est un vrai frein Ducati : quasi inexistant. Je me sens comme à la maison, avant la trahison KTM

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La route avait toutefois un bon revêtement, difficile de juger de ce qu’il se passerait sur une route à chèvres. J’ai juste pris une vilaine bosse dans un rond-point, l’avant a violemment et rapidement « pagayé » mais la moto est restée sur sa trajectoire sans broncher.
Une fois de retour à la concession, difficile de rendre les clés. J’ai envie de continuer à jouer

! Je confirme ce qu’en a dit la presse : cette moto ne sert à rien. Voyager avec me semble impensable, vu le niveau de « confort ». Pour la piste il y a indiscutablement plus adapté. Mais quelle joie, quelle éclate, quel fun ! C’est une moto super ludique faite pour les grands enfants qui ont juste envie de passer une heure ou deux à jouer comme des cons. J’adore

!
Ce que j’aime moins, c’est de ne pas avoir 13 000 boules à gaspiller dans ce truc idiot.
David nous a confirmé qu’il fallait s’attendre à voir ce moteur décliné dans de futurs modèles. Un roadster poids-plume avec ça, ça va tailler des croupières aux Duke 690, qui d’un coup vont se prendre un coup de vieux…
Merci à ZR pour le prêt de la moto (on râle quand ça ne va pas avec les concessions, faut aussi reconnaître quand ça va). Et merci (ou pas?) à mon Sauval d’avoir insisté pour que j’essaie cette moto de débile. J’ai passé un super moment de bonheur ! J’en veux une !