Allez, un petit avis sur la GT1000 puisque j'en ai une depuis hier soir en véhicule de courtoisie le temps qu'on me monte un amorto Öhlins sur le S4R.
Bon, vous emballez pas tout de suite hein ; j'ai 28 piges (mais une mentalité de jeune con) et pour dernières références mon ex Monster 1000Sie de 2004 (rodé, libéré, pignon de 14,...) et mon actuel S4R Testastretta : ça "biaise" un peu la perception, du moins n'ai je sans doute pas les même attentes dans une moto que celles de proprio de GT1000.
Bref, prise en main de la machine (d'un superbe ton bicolore crème et vert anglais), neuve, toute d'origine à part une paire de silencieux Termignoni inox homologués, avec 300km au compteur. C'est haut, la selle est méga large et je touche tout juste les 2 pieds à plat malgré mon mètre soixante dix-huit et mes grandes cannes
qui me permettent habituellement d'être à l'aise (entendez par là les deux talons au sol) même sur un Hypermot ou un Multistrada. En plus, la selle est légèrement inclinée sur l'avant ce qui tend à t'écraser le paquet contre le réservoir
et les cale-pied et levier de frein AR / sélecteur de vitesse pile à l'aplomb de l'assise, nécessitant d'écarter encore un peu plus les cannes
Décidément, c'est pas fait pour les nains !
Contac ; plôm plôm plôm... le 1000DS a une sonorité tout simplement magnifique à travers ces deux silencieux coniques pourtant toujours "chicanés". C'est à la fois rond et rauque, profond : somptueux !
Décollage... à la mamie en prenant 4000tr/min sans arriver à trouver le point de patinage
Faut dire aussi que la bète est équipée d'un embrayage à bain d'huile
avec un point d'accroche très loin (comme sur un Monster 620ie APTC que j'avais il y'a longtemps essayé), à contrario de mon "à sec on/off".
Premier freinage ; allo les freins, j'aimerai m'arrèter !
Putain de bordel de merde, y'a rien à l'avant : pas de mordant, peu de puissance sauf à écraser le levier à pleine main (pour rappel, je me suis fort bien acclimaté aux Brembo Radial 4 piston / 4 plaquettes et MC radial du S4R... forcément
). Bref, freinage un peu déstabilisant, pour ne pas dire très décevant... à l'avant du moins, parce qu'à l'arrière ça freine très très bien (presque trop vu qu'on bloque assez vite).
Sortie de la ville sur un petit filet de gaz et je m'aperçois bien vite que le 1000DS de la GT n'a RIEN à voir avec feu celui qui équipait mon Monster 1000Sie
:
Alors que mon berlingot était brutal, rugueux, vif, sauvaaaage
, le GT est souple, doux onctueux.
Là où mon 1000 refusait obstinément de rouler sous 3 à 3500tr/min (même rodé, libéré, avec une démul raccourcie), celui de cette Sport Classic se laisse paisiblement mener dès 2~2500tr/min sur les 2 ou 3 premiers rapports.
Alors que mon gros twin d'homme cabrait la moto au moindre éffleurement de la poignée, celle de la GT semble comme montée sur ressort et en caoutchouc mou tant les réactions du moteur semble filtrées par rapport aux rotations de la poignée de gaz.
Quand mon tractopelle semblait planter les soc de la charrues dans le bitume au moindre laché de poignée et pire encore à chaque rétrogradage, la GT1000 "souffre" d'un frein moteur qui semble presque absent même en rentrant un rapport (L'APTC sans doute ?) ; fort habitué à jouer de la boite et avec le peu de frein avant, je me surprend même à très souvent devoir repasser la première qui me semble exagérément longue (mais que compene donc bien la souplesse moteur), mais du coup sans aucune appréhension, sans craindre le moindre blocage de roue, même sous la pluie.
Coté partie cycle, avec l'assise haute, la large selle, et le guidon haut placé, la moto semble accuser un poids conséquent (surtout à l'arrèt) malgré les 185kg annoncés.
Une fois lancé, la moto semble un peu "neutre", légèrement pataude l'insersion en courbe. Le plus surprenant est surtout qu'une fois posée sur l'angle par contre, elle refuse d'en bouger et même de se redresser alors qu'on réaccélère
: il convient de redresser la moto au guidon, en la remontant à la force des bras. Du coup, ça impose un peu une conduite à la gendarme, droit comme un i, au dessus de la moto afin de pouvoir la placer sur l'angle et la remonter en sortie de courbe. C'est finallement pas désagréable avec une position si droite et typée confort.
J'en dirai guère plus pour le moment, n'ayant que très peu roulé (80km) et pas attaqué suffisament avec pour juger des aptitudes du chassis et des suspensions. Celle-ci m'ont juste semblé être un peu fermes en terme de confort, mais la molesse et la largeur de la selle rattrapent facilement ce petit désagrément.
En résumé, le 1000DS brutal et rugueux des Monster/SS/Multi s'habille ici de velour et montre une tout autre personnalité alors que le chassis privilégie nettement le confort d'une conduite enroulée à l'attaque : adeptes du sport, passez votre chemin, elle n'a de Sport Classic que le coté classique
. Ici, tout est douceur, onctuosité, confort et souplesse... mais sans pour autant céder à l'efficacité générale je vous rassure, c'est pas non plus un lavement
Pour le reste, la position est reposante, bien que n'offrant que'une protection aérodynamique très limitée, pour ne pas dire inexistante, même en comparaison d'un Monster sur lequel on est plus basculé sur l'avant, ce qui aide à contre la pression du vent. Ici, c'est arrachage de cervicales de 130km/h... de toute façon, il vaut mieux pour le permis vu qu'avec le buste si droit, le compteur bas placé et n'est absolument pas dans le champ de vision.
Très honnètement, cette machine ne correspond pas du tout à ma philosophie de la moto et j'avoue avoir été un moment désapointé suite à un petit roulage en mode "pressé" (mais pas bourrin, d'autant qu'elle était toujours en rodage).
Par contre, dès qu'on flane nez au vent, qu'on musarde et qu'on prend un peu plus son temps, ou par exemple sous la flotte quand le brutalité d'un moteur ou l'extrème vivacité d'une partie-cycle deviennent des ennemies, la GT1000 s'avère une super compagne de voyage !
Je m'imagine très bien dessus en tenue "légère" old School (entendre par là petit cuir de ville, gants courts, Doc Martens et 501 à ourlets) avec madame confortablement installée derrière, avec un petit porte-paquet chromé au dessus de garde boue arrière pour emmener un panier en osier recouvert d'une nappe à carreaux rouges pour aller pique-niquer à la campagne
Edit ; petit ajout de fin.Après un essais, ce qui est toujours interessant, c'est de remonter sur sa propre moto et d'avoir un peu perdu ses marques : cette fois encore, ça n'a pas manqué ! Quelques pensées qui m'ont traversé l'esprit à la reprise du S4R
s (avec un petit "s" et pas un grand parce que du Öhlins, y'en a désormais, même si c'est que derrière
) :
Selle aussi haute mais bien plus fine.
Bon sang mais quelle idée ils ont eut de coller le guidon aussi loin devant ces cons !
Dediou, c'est vrai qu'il est on/off ce putain d'embrayage à sec (et pof calé !)
BroooOOOAAAa... oh putain de moteur, ça ça marche !!
Mamamiaaaaaaa comment ça freine c'te truc de dingue !!! Dire qu'il m'a fallu 2000 bornes pour m'y faire et le boulot est à reprendre.
Et chtac sur l'angle, gaaaz et ça redresse ; ah, une moto qui se laisse emmener facilement et tout d'un bloc, quel pied !
PS ; D'après le mécano de chez Brooklands, il parait que cette lourdeur de la moto et cette tendance à rester sur l'angle une fois posée est liée au fait que l'arrière est trop haut. Parait qu'en mettant des combinés ressort-amortisseurs plus courts on assoit l'arrière et que ça améliore grandement la vivacité de la moto.