Salut, c'est miss ST2 qui cause dans le post,
Pour ceux qui ne me connaissent pas, j'suis une digne héritière de la famille
Ducati, mais la branche qui a mal tourné, les Sport-Tourinje...
Jeudi dernier, j'étais donc tranquille dans mon garage, je terminais ma grasse
mat' quand la porte s'ouvre et je vois mon proprio descendre l'escalier, tout
équipé de ses vêtements de moto... zut, le calme était fini, on partait en
balade.
Ca faisait bien 2 ou 3 jours que je m'en doutais, il m'avait changé les
chaussettes pour des plus tendres, plus confortables. Il m'avait purgé les
freins, et ça m'avait étonné parce que mon lockheed était pourtant tout récent
et, pire encore, il m'avait enlevé ma béquille centrale. Sur le coup, ça
m'avait surpris, maibon, avec lui, on peut s'attendre à tout...
Cela dit, comme hier soir, il avait installé mes valoches et les avait remplies
des ustensiles habituels et autres bizarres, je pensais qu'on partait tous les
2 pour une grosse virée comme il les aime.
Nous voilà donc sortis du garage et direction l'autoroute vers l'Est. Ah non,
pas encore un grand trajet sur le ruban rectiligne et monotone comme en mai
avec la jaunasse de maya...
Ben non, là, on était seul tous les 2, mais il s'est bien gardé de quitter la
'tocroute. Il était encore pressé d'arriver cette fois-là.
Je vous passe donc les 5 heures à rouler en ligne droite, encore heureux qu'il
avait surgonflé mes chaussettes toutes neuves, sinon elles auraient été trouées
avant d'avoir servi.
Et, aux alentours de 18:00, nous débarquons au milieu de rien, sur un petit
parking de rien du tout, tout vide, que mon proprio appelle "paddock" en
parlant avec animation à un autre proprio d'une Ducati jaune et noire de la
branche Supersport. Si elle savait, la pauvrette, qu'elle va être abandonnée
quelques heures plus tard, pour une frimeuse rouge de la branche Hypersport,
elle serait moins guillerette...
Bref, progressivement, le paddock se remplit, il arrive plein de mes consoeurs,
mais elles ont toutes ou presque des proprios attentionnés qui les amènent sur
remorque. Pas comme le mien qui m'impose des kilomètres sur des routes
inintéressantes...
J'entends partout autour de moi des mots bizarres : parabolique, épingle, gros
coeur, sliders, déhancher, slicks, repose-pieds usinés... ça commence à
m'inquiéter sérieusement...
Le bouquet est atteint quand mon proprio, après avoir monté sa tente dans un
champ proche du paddock, revient s'occuper de moi et m'enlève les rétros, les
valises et pire que tout, me cache les yeux avec du scotch gris... il est fou,
je fais comment moi, pour voir où je vais ? ou alors, il ne vaut peut-être pas
mieux que je vois ?
Plus tard, je le vois passer en compagnie de 3 autres proprios et ils partent
faire une longue marche à pied, sur un ruban de bitume tout sinueux et
s'attardent longuement près de cônes oranges et blancs en hochant la tête et
faisant de grands gestes des bras... il est devenu fou ou quoi ?
Et puis, le voilà parti à bambocher avec les autres proprios, je m'endors donc
tranquille au milieu de mes congénères, même si une pointe d'angoisse m'étreint
de temps en temps. Le ciel est tout étoilé, la fête bat son plein dans le
paddock...
Vendredi matin, aux aurores, le v'là qui débarque près de moi, tout excité !
Tout juste s'il a pris le temps de prendre son p'tit déj qu'il est déjà en
train de m'inspecter, de vérifier les scotchs qui m'aveuglent. Pendant ce
temps-là, le proprio de la jaune et noire cause à tous les proprios, leur dit
de rouler propre, de ne pas se préoccuper de ce qu'il y a derrière eux et de
boire bcp d'eau. Vraiment bizarres toutes ces consignes pour une balade,
maibon...
A 8:30, alors que j'avais réussi à repiquer un somme, coup de corne de brume !!!
et je vois une 20aine de bécanes qui se précipitent, avec leurs proprios tout
harnachés de combinaisons bariolées, sur l'anneau de bitume ! Ben, mes amies,
si c'est ce qui m'attend, je vais avoir peur... Je les vois qui tournent à
fond, en se penchant comme je ne l'ai jamais fait, mmmaaammmmaaaannnn...
40 minutes plus tard, c'est à nous, je sens mon proprio tout fébrile au moment
d'aborder la pré-grille. Quand il s'engage sur le circuit, je sens bien qu'il
n'est pas dans son assiette, inquiet, tendu, et tout et tout...
Les 2 premières sessions sont calamiteuses, je le sens tout perdu à l'idée
d'utiliser toute la largeur de la piste, presque paniqué par la présence de
gros bourdons rapides qui lui tournent autour, frustré de ne pas arriver à
passer correctement auprès des cônes et coincé sur la selle comme si j'étais
une BMWouais avec le balai kivabien...
Encore heureux qu'il n'est qu'en Limaces, sinon on se prenait 4 tours en 10
tours, mon brave monsieur...
Il doit y avoir un autre truc qui le perturbe, c'est la simplicité du roadbook,
aucun panneau à suivre, il suffit de rouler sur la bande noire entre les 2
bandes blanches et de guetter le drapeau à damier pour savoir quand a lieu la
pause café / pipi / apéro / mécanique (rayer la ou les mentions inutiles).
Tiens, d'ailleurs, laissez-moi vous conter le roadbook...
On part de la pré-grille, pour entrer sur le ruban rapide, en tournant à gauche
(c'est préférable
), pour débarquer tout de suite dans une épingle à droite
bien lente, où il vaut mieux freiner en étant droit, sinon correctionnelle.
En sortie de l'épingle, un des rares virages à gauche du circuit qui se négocie
en restant bien au bord gauche de la piste pour aborder un droit à 90° qui
prépare l'entrée dans un petit pif-paf juste avant "l'escargot". Le pote à mon
proprio, Mashounet, lui a dit qu'on pouvait mettre gaz là-dedans, mais mon
proprio n'a jamais réussi à le faire... p'tet que la vision de la brêle d'un
certain maçon en train de jardiner à l'intérieur de l'escargot l'a calmé...
Donc, l'escargot, un virage à presque 360° qui conditionne l'entrée dans
l'interminable ligne droite. Il se prend lentement au début, puis en accélérant
jusqu'au pif-paf droite-gauche qui permet d'aborder l'immense ligne droite de
700 mètres. Là, c'est gazengrand, compte-tours à 8000 tr/mn à chaque rapport et
on frise tous les 2 le 180/190 au panneau qui indique le virage du bout de la
ligne droite.
Là, mon proprio rentrait 1 ou 2 rapports, selon qu'il était allé jusqu'en 6ème
ou non, en fonction de la vitesse de sortie de l'escargot, et il prenait même
les freins un court instant pour rentrer à une vitesse acceptable pour son
petit coeur dans la grande parabolique à droite. Apparemment, les autres
proprios la jouaient bcp plus gros coeur que lui (j'ai compris alors
l'expression
) et le taxaient d'au moins 20 à 30 km/h dans ce virage. Virage
interminable où on reste sur l'angle longtemps, longtemps et où je sentais, dans
les derniers sessions, mon proprio s'échinait à approcher le genou du bitume...
pathétique...
En sortie de la parabolique, on aborde le 3ème virage à gauche du circuit qui
commande une enfilade où "on passe à fond" dixit toujours le Mashounet... ben,
mon proprio, il était à fond, même ça devait être un double-fond, dont parlait
le Mashounet, parce que nous, on se trainait grave la 'teub, à cet endroit-là.
Passage devant la sortie des stands, puis devant l'entrée du circuit, voilà le
tour est fini, descendez messieurs-dames et n'oubliez pas le guide, 2,4 km de
pur bonheur où on est quasiment tout le temps sur l'angle à part la grande
ligne droite.
Revenons donc à nos sessions, toutes les 40 minutes, mon proprio venait vers moi
avec un sourire grand commak pour m'emmener en pré-grille et nous tournions
alors 20 minutes. Au fur et à mesure, je le sentais plus à l'aise, plus en
confiance, moins inquiet du trafic et il commençait à me laisser la selle
dégagée un peu plus à chaque session.
Si j'avais mieux regardé ses genoux, j'aurais vu qu'ils étaient ornés des fameux
"sliders", clé d'entrée dans le nirvana du pistard : "le posé de genou"... Ainsi
donc, s'il quittait ma selle, c'était pour mieux aller user le slider. Il aurait
peut-être dû mieux les regarder ces sliders, prêtés par le Mashounet, ils
étaient déjà usés, pas la peine d'en rajouter. J'vais vous dire un secret, mes
amis, il en avait des tous neufs dans ses valises, des sliders rouges avec un
logo connu dessus, mais il n'a pas osé les sortir, sinon tout le monde aurait
vu qu'ils étaient toujours neuf à la fin de la journée... A quoi ça tient
l'orgueil chez les motards ? hein ? à un bout de plastique usé...
M'enfin bref, je le sentais quand même de plus en plus à l'aise, toujours aussi
lent et m'obligeant toujours à faire la chicane mobile, maibon, son sourire à
la fin de session, encore plus "commak" qu'au début en disait long sur le
plaisir qu'il prenait au fur et à mesure. Je dois avoir moi-même que je me suis
amusée comme jamais, que ça m'a dégourdi les soupapes et les courroies de monter
à de tels régimes moteurs et que je n'avais jamais eu les chaussettes
tire-bouchonnées comme ça après des balades sur route.
Aussi, quand il a quitté ses potes en leur disant tout fier "la date de 2007 est
déjà cochée dans mon agenda", je n'étais même pas étonnée et plutôt contente. Il
va juste falloir que je le supporte comptant les jours, il a déjà commencé ce
matin, en me disant à l'oreille J-363... il est devenu un peu fou, je crois...
Vous ai-je dit aussi qu'il se traine lamentablement depuis samedi, en se
plaignant de ses cuisses ? c'est que ce n'est plus de son âge ce genre de
sport... maibon, j'y retournerai avec plaisir, retrouver mes amies les motos de
piste et je sais que, lui, il a hâte de re-partager cette ambiance particulière
qui a régné sur le paddock pendant ces 2 jours, une ambiance qu'on n'avait
jamais connu tous les 2, qui n'a pas à grand-chose à voir avec celle des
balades sur route, mais qui est tout aussi agréable et entêtante, au point
qu'on en reprendra tous les 2, dès que possible.
Voilà tout est dit...
